Dijon
Paris
Quelques jours sont passés depuis la fin du voyage et me voilà propulsé en direction de Paris. Les forêts me semblent déjà si lointaines et ce train lancé à pleine vitesse m’en éloigne cinquante fois plus vite.
En s'intégrant à la vie des lieux qu'on explore, les troubles qui viennent de l’extérieur disparaissent assez vite. Observe les oiseaux et ils s’envolent. J’associe maintenant le retour à des nuisances que mes sens déshabitués ont un peu de mal à trier. Au-delà des autres, ces personnes qui occupent le wagon à leur manière et avec leurs propres habitudes, des plus silencieuses aux plus parasites, il y a la brutalité de ce train qui nous réunit, nous transporte ailleurs sans que l’on puisse en saisir le mouvement. À cette vitesse, il n’y a plus vraiment d’arbre, encore moins de champignon ou de lichen. Il n’y a plus de chant d’oiseaux et le frisson provoqué par la rencontre d’un animal sauvage est remplacé par celui d’une climatisation mal réglée. En quelques heures des centaines de kilomètres de paysages auront défilé sous mes yeux, j’en suis tellement distant. Le train comme véhicule d'un spectacle dont le paysage ne serait qu’un décor. Des dizaines de personnes et autant de visages, de regards qui auront évité le mien, je ne me souviendrais d’aucuns. Entre le départ et l’arrivée, la place du soleil dans le ciel aura à peine changé et la percée de ses rayons à travers les arbres qui longent les voies finira par me déranger. Trop rapide, un effet stroboscopique aussi désagréable qu’involontaire.
À ceux qui m’ont demandé si ces journées de marche ne m’ont pas trop fatigué, songez à l’effort requis pour mettre en mouvement un tel moyen de transport… c’est des maux de tête évités de n'avoir besoin que de deux pieds. Je suis incapable d’imaginer qui sont celles et ceux qui se sont usés pour que le train aille si vite. Et toi, t’imagines le bien que ça fait de s'en libérer ?